L’avenir est plutôt radieux pour le marché de l’emploi IT. Selon un récent rapport de la Dares sur les métiers en 2030, le secteur IT va créer plus de 100 000 postes supplémentaires pendant cette période. Une activité qui reste malgré tout toujours en tension. Jacques Raud est le fondateur et le dirigeant du cabinet Capucine & Associés, spécialiste du recrutement et de l’accompagnement RH des profils IT. Dans cet article, il analyse l’évolution des salaires dans les fonctions digitales depuis ces deux dernières années et souligne l’importance de mettre l’accent sur la formation pour répondre aux besoins des entreprises. Il revient également sur les exigences grandissantes des candidats en matière de rémunération, RSE et qualité de vie au travail.
Jacques Raud est formel : nous assistons clairement à une augmentation des packages dans l’univers IT ces dernières années. “Les package des commerciaux ont prix 20 à 30 points depuis un an” détaille-t-il. “Aujourd’hui, un commercial senior chez un éditeur de logiciel de premier rang dépasse 200 000 euros à objectif atteint ! ”
Ce phénomène est le même sur des postes techniques (architectes solution, architectes Cloud, ingénieurs DevOps, ingénieurs en Cybersécurité, data Analysts, etc.). Les salaires ont aussi beaucoup monté pour ces profils. “Aujourd’hui un développeur spécialisé junior peut demander un package de 40K bruts annuel. C’est une rémunération plus que correcte pour un jeune en sortie d’école !” Ceci est d’autant plus vrai pour les développeurs qui maîtrisent les nouveaux langages de développement (développeurs Sharepoint, NodeJS, Magento ou encore des experts SalesForce, Dynamics, Azure et Sage X3tel que Python). Ces profils sont devenus très exigeants car ils ont bien conscience qu’ils dominent le jeu de la négociation au vu de leur spécialisation.
Pas étonnant donc que les entreprises rencontrent des difficultés pour recruter les experts de l’IT dont elles ont besoin pour soutenir leur développement. Les entreprises recherchent des profils souvent très spécifiques et encore rares sur le marché. Ils privilégient le recrutement de talents qui travaillent dans des domaines nécessaires à leur transformation numérique et répondant à leurs nouveaux besoins : Cloud Computing, IA et Blockchain.
Le marché de l’emploi sur les métiers IT est très tendu. Les bons profils sont rares donc difficiles à séduire. Cela s'explique par diverses raisons. Jacques Raud souligne le phénomène de fuite des cerveaux : “De nombreux profils ne restent pas en France et rejoignent des grands groupes à l’étranger” explique-t-il. Les salaires proposés par les Américains, dont les GAFAM, sont parfois presque deux fois plus élevés qu’en France, en fonction du langage de programmation maîtrisé. Dans ce contexte, il est difficile pour les entreprises françaises d’attirer les talents Tech sur-sollicités.
Jacques Raud pointe également du doigt un problème de formation. “Il n’y a pas assez de candidats compétents car ils ne sont pas bien formés” regrette-t-il. Pour remédier à cela et pallier ce décalage entre les besoins des clients et les compétences des candidats, le dirigeant du cabinet RH Capucine & Associés est convaincu qu’il est essentiel de renforcer les liens entre les entreprises et le monde académique. “C’est ce que nous faisons en nouant des partenariats privilégiés avec les écoles spécialisées comme l’Académie du PLM à Vichy qui ouvre d’ailleurs bientôt un campus à Lyon ou encore avec l’UTC de Troyes” se félicite l’expert du recrutement des métiers de l’industrie IT et du digital.
Cette question de la formation est également posée par la Dares (Direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques) dans son dernier rapport de mars 2022. La Dares propose de renforcer l’attractivité des filières de formation professionnelle initiale et continue afin de limiter les difficultés de recrutement. La Dares reconnaît toutefois qu’attirer les professionnels déjà en poste ne suffira pas et nécessitera sans doute de faire appel à des jeunes débutants et des chômeurs, en les formant.
Jacques Raud estime que si la demande continue de croître et tant que le problème de l’offre n’est pas résolu, les salaires vont continuer d’augmenter fortement en 2022 et dans les années à venir. Pour lui, les entreprises vont devoir s’adapter sans tarder face à des candidats devenus de plus en plus exigeants. Il leur faudra se réinventer et trouver des parades pour profiter des expertises technologiques dont elles ont tant besoin pour accélérer leur transformation.
Heureusement qu'au-delà du salaire il existe des vrais arguments pour attirer les bons profils Tech. “L’environnement technique par exemple est un critère décisif pour les profils tech” explique le dirigeant du cabinet Capucine & Associés. “La possibilité de travailler à distance est, lui aussi, un argument de poids", poursuit-il. Parmi les autres avantages auxquels les profils Tech sont sensibles : la semaine de quatre jours, la possibilité d’avoir des vacances illimitées, l’aménagement de leur espace de travail à domicile, la prise en charge à 100% de la mutuelle, etc.